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AU BORD DE LA SEINE...
La maison aérienne et la péniche

Par Christophe Hubert, vendredi 6 juin 2014 ,Western

Des allers-retours en train entre Rouen et Paris, nous en faisons régulièrement. Et toujours défilent les mêmes images : cabanes, jardins, caravanes, chalets... De ces habitats légers, il y a en a des dizaines entre la voie ferrée et la Seine. Plus nous prenons le train et plus nous souhaitons nous y rendre autrement. Mais c'est depuis le train, que nous en avons trouvé les entrées, inscrivant les indications routières à suivre, les détails après lesquels tourner. C'est dans le train que nous avons élaboré notre route.
Nous longeons la Seine dans le département de l'Eure par ses chemins de halage non goudronné et difficiles d'accès. La twingo se transforme alors en mini 4x4.
À la recherche de ces espaces autoconstruits sous une pluie battante, nous passons devant un petit quartier improvisé : cabanes, caravanes derrières leurs extensions, jardins, chiens et clôtures.
Un chien appelle son maître. Nous attendons derrière la grille. Nous lui présentons notre dernier journal, expliquons notre présence et entrons. « Voyez, vous entrez dans notre maison aérienne ! ». A droite une caravane et ses extensions en bois. A gauche, la tonnelle, sous laquelle nous sommes invités à nous protéger de la pluie. Derrière, le jardin d'un côté, le potager de l'autre. Entre les deux, un bloc sanitaire. Et puis de l'autre côté de la route, le bateau, première partie de cette maison éclatée en constellation.
C'est avec le bateau que tout à commencé. Lui était plaisancier, elle, fille de marinier. Et c'est pour ne pas avoir à garer leur bateau dans un port, qu'il leur fallait une cahute pour le garer. Ce terrain était à vendre, il l'ont acheté. Et puis petit à petit, ils sont venus s'installer ici.
Il regarde le journal et tombe sur la rubrique « Teardrop », il s'exclame : « Ah ! mais j'en ai fabriqué une plus jeune. Elle était tirée par une mobylette... J'ai aussi conçu un Side-car... Il y a 27 ans... D'ailleurs il est arrivé 3ème lors du Tour de France des Side-car. J'en ai même vendu une trentaine. J'ai fait les plans et c'est une entreprise en sous-traitance - spécialisé dans les bateaux - à Tours, qui les a fabriqué. Vous voulez voir les photos ? »
Là encore, ils ont réalisé l'ensemble des travaux eux-mêmes. « Si vous n'êtes pas débrouillard, c'est compliqué d'habiter ce genre de maison.. L'avantage aussi pour nous, c'est que nous avons tout les réseaux, d'eau et d'électricité. On a même internet... Notre voisin, en revanche, c'est plus compliqué pour lui. Il est âgé et n'a ni eau, ni électricité !
Vous voyiez le terrain à l'entrée, et bien c'est grâce à ça qu'il arrive à se faire un peu de sous. Il vend ses légumes, en direct, aux gens du coin. C'est un monsieur qui a le minimum vieillesse, alors son jardin lui permet d'avoir un complément. »
La pluie ne s'arrête pas, il est difficile de poursuivre la conversation. Nous sommes invités à revenir discuter de tout ça, le temps d'un barbecue au soleil !

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Réalisation : Échelle inconnue
MAKHNOVTCHINA
MAKHNOVTCHINA
Makhnovtchina est un repérage actif des nouvelles mobilités urbaines et périurbaines à l'heure des grands projets de métropolisation. C'est un atelier itinérant de production participative d'images (fixes, vidéos, ou multimédia), de textes, de cartes, de journaux, « Work in progress ». Ce travail mené par des architecte, géographe, créateur informatique, sociologue et économiste vise à terme la proposition d'architecture ou d'équipements mobiles et légers. Ce travail vise, en outre, à explorer les futurs vides ou terrae incognitae que créent ou créeront les métropoles. Il propose une traversée du terrain d'accueil pour « gens du voyage » au marché forain en passant par les espaces des nouveaux nomadismes générés par la déstructuration des entreprises, notamment de réseau (EDF, GDF, France télécom...), ainsi que par les campings où, faute de moyens, on loge à l'année. Une traversée, pour entendre comment la ville du cadastre rejette, interdit, tolère, s'arrange, appelle ou fabrique la mobilité et le nomadisme. Ce projet de recherche et de création s'inscrit dans la continuité de certains travaux menés depuis 2001 : travail sur l'utopie avec des « gens du voyage » (2001-2003), participation à l'agora de l'habitat choisi (2009), réalisation d'installation vidéo avec les Rroms expulsés du bidonville de la Soie à Villeurbanne (2009) et encadrement du workshop européen « migrating art academy » avec des étudiants en art lituaniens, allemands et français (2010). Il tente d'explorer les notions de ville légère, mobile et non planifiée avec ceux et celles qui les vivent.